Papill'en goguette

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mardi 7 mars 2006

Escale sur la Route de la Soie

La vie est faite de rencontres, certaines plus douces que d'autres. En début d'année, je rencontrais une dame que je qualifierai d'adorable par sa gentillesse, sa générosité, son ouverture d'esprit ; je ne la nommerai ici que par la première lettre de son prénom, dame J.

Dame J. fêtait récemment son anniversaire, et me demanda si j'accepterais de cuisiner pour elle. "Oh que oui !" répondis-je. Une première entrevue fixa les grandes lignes du menu : quelque chose de plutôt méditerranéen, turc peut être. Mais voilà, dame J. avait, il y a deux ans de cela, emmené famille et amis dans un restaurant libanais pour son repas d'anniversaire ! :-D

Je cogitais toute la nuit, une trame était fixée : elle voulait du lapin, un dessert aux abricots, d'inspiration méditerranéenne mais sans rappeler le Liban... J'adore les défis culinaires !

Le lendemain, au réveil, j'avais trouvé : le Liban, et plus largement les pays méditerranéens, se trouvent sur les cartes d'échanges commerciaux depuis bien avant l'antiquité, appelés plus tard Route de la Soie.

J'avais envie d'une cuisine conviviale, simple et sans prétention, un repas authentique que l'on aurait pu déguster à l'intérieur des terres, assis autour d'un feu de camp, entre amis, entre gens de passage, sous une tente ou à l'abri d'une oasis.

Consultant une carte, je trouvais entre Kashgar et Samarkand le lieu idéal de notre escale : entre terre et eau, entre Europe et Asie, entre désert et terres cultivées, entre amis tout simplement.

Pour l'occasion, je créais mon premier cocktail, bâptisé Douceur d'ailleurs.

J'accueillis les appétits par la douceur d'un velouté de brocolis, amenant ensuite une farandole de légumes simples, de mijoté de pommes de terre aux piments doux, de compotée de piments maison et d'une sauce verte à la coriandre, d'herbes fraîches à peine poêlées à l'huile d'olive, de feta arrangée, autour d'un lapin mijoté aux citrons en saumure, ail et gingembre. J'achevai ce voyage par la délicatesse d'une crème mousseuse à l'abricot, parfumée d'huile essentielle d'écorce de cannelle, et son biscuit sablé, adouci d'huile essentielle de bergamote.

Empreint de douceur de vivre et de la joie de l'échange et du partage, cette soirée restera, m'a-t-on dit, un merveilleux souvenir.

A vos papilles !

Et si vos papilles pouvaient voyager ?

Depuis quelques mois que je travaille sur ce blog, j'ai posté quelques recettes, donné quelques explications sur certaines termes ou éléments, dit ce que je pensais de dotclear et de la grippe aviaire, configuré la bête et ajouté quelques liens que j'apprécie, mais je ne me suis pas encore expliquée sur la signification du titre.

Papill'en goguette...

Il m'aura fallu du temps avant de le trouver, mais lorsqu'enfin j'ai su l'exprimer, il m'a fait rire et sourire : il est léger comme un papillon, évoque l'idée de réjouissances ; partir en goguette c'est voyager, se faire une virée entre gens de bonne compagnie ; c'était aussi le nom donné à certaines compagnies de chant officiant dans les cabarets parisiens du XIXème siècle, disparues sous le second Empire ; être en goguette c'est maintenant être un peu léger, émoustillé, voire doucement ivre.

Et qu'est-ce que la cuisine sinon l'ivresse des sens ? La joie de se retrouver entre amis autour d'un bon repas ? La possibilité de voyager sans quitter sa chaise ?

Quand on me demande ce que je suis, je réponds "poètesse culinaire" : la poésie est à ma vie ce que la tendresse est à l'amour : une voix, une manière d'être, d'exprimer, partager, offrir. Et puisqu'il paraît que les mots ne font que des vers mais que le coeur seul est poète, pourquoi cuisinant avec mon coeur ne pourrais-je être ce que je suis ?

J'ose à peine l'avouer mais moi qui depuis des semaines écris et retranscris peu à peu mes recettes et autres trouvailles, je ne sais pas cuisiner en suivant des instructions ; et il m'a fallu bien des efforts pour savoir les rédiger.

Je cuisine à l'envie, au feeling, selon mes goûts, mes humeurs, les saisons ou les personnes que je reçois. Ce qui m'amuse, car vraiment je m'amuse, c'est de comprendre une technique, découvrir les produits, en apprendre l'origine, la culture, et au-delà d'aller à la rencontre d'un peuple, de son histoire, sa religion, ses coutumes. Cuisiner un canard laqué c'est bien. Savoir expliquer pourquoi on utilise certaines épices, pourquoi il y a un nombre précis d'accompagnements préconisés par l'école de cuisine du Palais du Viet Nam, c'est mieux ! :-D Cela donne une autre dimension au repas, cela invite les gens à la réflexion, au voyage et à l'échange des impressions.

J'ai récemment cuisiné pour l'anniversaire d'une dame qui s'amusait beaucoup de ma façon de parler, sans comprendre pourquoi je me comportais ainsi. A la fin du repas, elle m'a prise dans ses bras : "Merci pour ce repas ! m'a-t-elle dit, Je comprends maintenant en quoi il s'agissait d'un voyage."

Je ne mange pas pour me nourrir, je vis pour le plaisir de manger. Et c'est ce plaisir que je m'efforce de vous communiquer.

Dans cette rubrique Vos papilles partent en goguette, vous découvrirez les menus et explicatifs des recettes, ces dernières se trouvant réparties ensuite dans les différentes rubriques habituelles.

alors, à vos papilles !

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